Ce qui ne devait être qu'une parenthèse dans notre quotidien nous à ouvert les portes d'un incroyable voyage

Un périple qui nous transporte plus loin que nous ne l'aurions imaginé


Carnets de Voyage

Transatlantique Cap Vert - Brésil - Novembre 2016

Quatrième transat pour l'équipage de Milo One

Author: Corne de Brume/dimanche 20 novembre 2016/Categories: Iles et Traversée de l'Océan Atlantique Sud (2013)

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Transatlantique Cap Vert - Brésil - Novembre 2016

PARTIS HIER DE MINDELO A MIDI, après les pannes d'internet, puis LA panne de courant qui bloquait la pompe à gasoil... (c'est encore bien sous développé au Cap Vert et très pauvre)... Mais cet arrêt nous a permis de reprendre notre souffle pendant 48h ainsi que de rencontrer Tanguy de Lamotte du Vendée Globe, qui finalement abandonnera la course, déclarant qu'il serait trop risqué de  continuer avec sa tête de mat cassée... Vidéo à voir sur cap sur le monde (FB)

position au 16 Nov 2016: 14.10.67N 25.25.42W
Cap:185°



DÉPART EN FANFARE, Milo One s'est élancé à 8 - 10 Nœuds tout confort, sous le soleil!  On croise les doigts pour que ça tienne... encore un peu.

CE SERAIT PRESQUE UN PLAISIR DE FAIRE DES TRAVERSÉES !
Hier midi c'était Carpaccio de thon au gingembre, ce soir ce sera rôti de bœuf et son gratin dauphinois, je suis sure que vous allez finir par nous envier! ;)

Notre rythme diurne oscille entre navigation, réglage des voiles, musique, contemplation, bronzage, cuisine, films et jeux, en équipe ou en solitaire. Tandis que notre vie nocturne s'organise avec les quarts qu'on se partage avec Yvan...

Les filets ne désemplissent pas de poissons volants... Vénus ne touche même plus ses croquettes!
position au 17 Nov 2016: 11.45.49N 25.36.83W
Cap188°


LE VENT REFUSE DE PLUS EN PLUS, LES VOILES RÉGLÉS AU PRÈS, BÂBORD AMURE ON AVANCE À 7 KNTS.
Le va et vient saccadé du bateau qui progresse par tressauts au grès des vagues me rappelle les quelques excursions épiques d' attrape-touristes  en Afrique ou Asie à dos d'éléphants ou dromadaires. On trouve toujours ça très drôle... jusqu'à ce que l'on monte dessus!

LA PREMIÈRE JOURNÉE S'ÉTIRE, TRANQUILLEMENT JUSQU'EN FIN D'APRÈS MIDI, LE CIEL S'OBSCURCIT: ON FONCE À 10 KNTS TÊTE BAISSÉE DANS UN FRONT NOIR,  AVEC UN MAGNIFIQUE SPECTACLE SON ET LUMIÈRE.

Les vents violents déversent leur colère. Le ciel c'est totalement ouvert pour déverser son contenu sur Milo One et la mer alentour. Chaque point faible cédant sous la pression laisse dégringoler des rivières de pluie et de sel dans notre écrin de vie. seaux et chiffons à la rescousse! l'équipage écope cales et hublots.

L'HEURE N'EST PLUS A LA CONTEMPLATION MAIS A LA MÉDITATION ET ... AUX RÉPARATIONS!

Sous la pression des vagues entre les deux coques, les deux loquets du  "hublot" (trappe de survie) de notre salle de bain ont cédé, laissant place à une jolie voie d'eau... Bain à remouds assuré! Yvan à donc improvisé avec des bouts de bois un nouveau système de fermeture. Une plaque en bois est en préparation "au cas ou" le tout cède,  afin d'obstruer l'ouverture en cas de besoin...  Pour l'instant quelques chiffons font l'affaire... 
Le Lazyjack,( les cordes qui tiennent  le sac de grand voile) a cassé sous le trop plein d'eau dans le lasybag (comprendre sac à voile)... Rien de grave, après une ascension digestive du capitaine dans le mat : c'est réparé.
La jonction entre les chariots et les boîtiers de lattes de la Grand voile sont eux aussi en maintenance... chacun son tour.
Voilà... Cela dit le rôti était parfait! 

LE POT AU NOIR NE DEVRAIT PLUS ETRE TRÈS LOIN, pourtant le vent nous manque déjà; Ça ne peut pas être rose tous les jours! :)
Le moral reste bon, on avance, (leeeentement  on frôle le 5 Knts   youuuhouuu) 
position au 18 Nov 2016: 9.29.90N 26.25.17W
Cap180°


LA NUIT TOMBE SUR L’OCÉAN ASSAGIT, mais le ciel reste sombre et il bruine. Milo est de nouveau en état de marche... toutes les réparations semblent tenir!
... plus de vent... donc  pas de vagues! c'est une vraie croisière sur un lac! on navigue aux moteurs, plus de voiles dehors. La nuit fut réparatrice.
A part le dos d'un dauphin ce matin pas grand chose à l'horizon, quelques cargos évidemment et beaucoup d'oiseaux! une belle occupation pour mimine qui leur chante des sérénades! bon hier elle en a quand même choppé un tout petit que l'on a recueilli pour la nuit, service 4 étoiles dans un saladier sur un nid de coton, petit déjeuner inclus! :) il est reparti ce matin, tout guilleret, l'air de rien! depuis Vénus nous fait la gueule! :)


PUIS  C'EST LE TOUR DU POT AU NOIR. A LA DÉRIVE... Un bateau sans le vent, appuyé par deux moteurs nous progressons leeentement dans cette immobilité, parsemé d'orages, Éole retient son souffle... Cette fois-ci  au moins on n'est pas tout seul,  les coureurs du Vendée Globe, ne sont pas très loin dans ce bouillon mollasson!
Il fait une chaleur de dingue, et une humidité étouffante. l'eau de mer est à 30°C on se rapproche de l'équateur.
position au 20 Nov 2016: 4.43.21N 26.48.06W
Cap204°


CELA FAIT DÉSORMAIS 7 JOURS ET 7 NUITS QUE NOUS SOMMES PARTIS DU CAP VERT, encore 1200 Mn à parcourir plus ou moins selon notre destination Salvador de Bahia ou Victoria... Et puis, à la tombé du jour, notre éléphant part au galop! Imaginez l'enfer...!C'est un véritable tape cul. Seul dans cette nuit plus noire que l'envers de la lune, entre les orages, on surveille les grains et on règle les voiles. Le sommeil commence à nous manquer. 

AU MATIN LES CIEUX INFINIS ILLUMINENT D'UN BLEU CÉRULÉENS  LA MER ET SON IMMENSITÉ. On observe les dauphins et les baleines, leurs souffles et leurs dos énormes. Et si nous sommes bientôt en hiver, ici sous l'équateur c'est déjà l'été: sous nos pieds, de l'eau à 30°C, tout du moins en surface... Puisque nous naviguons au milieu de profondeurs abyssales  de près de 3000 mètres!

ÉQUATEUR ÉQUATEUR !?! 
AUJOURD'HUI 22 NOVEMBRE 2016 / 8EME JOUR. C'est au Dieu de la mer que nous ferons notre offrande, en passant la ligne imaginaire de l'équateur tranquillement en suivant les courants.

Et après? Qu'est ce qu'il se passe ? On marche sur la tête ?  En fait non, pour nous ce fut plutôt une histoire à se couper les cheveux ... en 4! 
Inutile de se la raconter ... au moment du décompte avant le fameux 000 000 000 (préparer notre offrande, faire le rituel, se couper une mèche de cheveux, sabrer le champagne...) , une mutinerie a éclatée : tout l'équipage s'est disputé... (hé oui, ça nous arrive... ) On a failli ne jamais  arriver dans l'hémisphère Sud! Scandale. J'espère que le Poséidon, qui n'avait sans doute jamais vu tel spectacle, nous pardonnera dans son infini bonté.

TOUS LES SOIRS LE VENT REDOUBLE, NOUS OBLIGEANT À UNE PLUS GRANDE VIGILANCE... Des quarts de nuits longs et fatigants qui s'éternisent.
Ce matin à mon réveil "Nunus" s'amusait avec des poissons volants, la récolte du bord, comme une récompense de navigation... (quand c'est pas les oiseaux!) tandis qu'Yvan tout fier m'a montré le modèle au dessus qui pendait au bout de notre ligne! Le premier  depuis belle lurette! A nous les sushis!
la mer pourtant plutôt calme ne nous laisse tranquille que couché... un gigoti croisé sournois qui nous décourage... de faire de l'école! du coup Oscar est de corvée de patates et ce midi c'est Rösti. j'essaye de faire de bons plats histoire d'entretenir le moral des troupes!
Jusqu'ici tout va bien, toujours pas de Grand Voile à poste, le vent souffle de derrière, laissant sagement notre Génois se gonfler lorsqu'il n'empanne pas... Bref des problèmes de marins quoi!
Notre vitesse atteint aujourd'hui les 8 nœuds, Yaaalhaaa! avec des vagues plus rebondies et mieux ordonnées... (enfin presque).
Après l'épisode du thon, c'est un aileron de requin que nous avons pu voir ce matin... ça fait tout de suite moins envie! gloups.
Vénus est toujours au taquet, tour d'horizon en quête de nouveaux poissons volants, sushi et dodo... ha la vie de rêve!
Oscar garde la patate, il s'amuse avec des ballons gonflables, et expérimente! 
On essaye de trouver des activités, il nous tient en éveil...
Et figurez vous qu'au menu ce midi on s'est fait une raclette, fenêtre sur l'océan... La classe!


NOUS PERDONS LE COMPTE DES DATES ET DES JOURS. Le temps s'étire et ne ressemble à rien de ce que l'on connait... Pendant des semaines on entend que le cri du vent,  le roulement des vagues lapant notre coque, les autres  qui s'entrechoquent bruyamment , transformant les fines cloisons en peau de tambour, secouant,  vibrant, résonnant,  les grincements du bateau qui se lamente et le son de nos propres voix. On apprivoise notre rythme on devient maître du temps.
Aujourd'hui fut une belle journée, on a bien avancé entre 7 et 8 nœuds... sous le soleil, mer calme, mais toujours au près. comprendre le vent presque dans le nez... ce qui n'est pas l'allure préférée des catamarans mais bon ça l'fait, Milo est un bon étalon, il mange des milles! 
Hier soir lors de mon quart un gros oiseau tout noir se reposait sur le poste de barre il m'a fait super peur!  il ne bougeait pas j'étais à 2 cm de lui! on aurait dis un gros corbeau !!!
La mer nous laisse plus tranquille, et nous avons pu hier apm nous occuper Oscar et moi en pâtisserie... c'était atelier travaux manuel. On a confectionné de petits sablés ... au chocolat. on remettra ça tout à l'heure avec une nouvelle recette... il ne tient pas en place!! c'est que ça a une sacrée énergie ces gosses!!!

NOUS N'AVONS JAMAIS ÉTÉ AUSSI PROCHE DE L’ARRIVÉE, on vient de dépasser Salvador, et... plus de vent!!! Une tempête de mou, plus d'air dans le ciel, on va bientôt voir les oiseaux tomber! la mer s'est endormie paisiblement, et nous on est scotchés comme des cons! 3.5 Nœuds !!! et encore avec un moteur! La météo ne joue pas en notre faveur pour les prochains jours, plus de vent pendant encore 24h, une grosse dépression sur Vitoria et le vent dans le nez après...  et ... bientôt plus de gasoil! On se demande comment on va arriver! Yvan imagine toutes les solutions, attendre, accélérer, faire escale ailleurs...  sachant qu'il nous faut aussi un port ou nous puissions faire notre entrée... et prendre du gasoil! un vrai casse tête. on s'arrêtera peut être à Albrolhos petite île au large ou nous avions admirer les baleines il y a trois ans, afin d'attendre la fin de la dépression. 
Voila pour l'heure, aujourd'hui j'ai fait bronzette sur les filets à l'avant, 20 minutes ont suffit pour rôtir! ça crame sec par ici!!! 
On a également fait une tarte au citron, pour vous dire comme c'est calme! l'appareillage n'a même pas débordé du moule!

APRES UNE ETUDE DES DIFFÉRENTES OPTIONS, le plus sage est de nous rendre sur Porto Seguro (16.27.23S 39.3.855W) sur la côte Brésilienne, c'est une petite ville à l'embouchure d'un fleuve, il n'y a pas de port à proprement dit, mais en remontant un peu l'embouchure à marée haute (50cm à marée basse!) nous pourrions trouver un abris confortable pour attendre la dépression qui remonte du Sud.

2 600 Mn DEPUIS MINDELO (Cap Vert) . Il nous a fallu 17 jours pour arriver au Brésil, 17 non-jours, à fixer l'horizon, contempler ses tableaux somptueux où les crêtes des vagues débordent contre le ciel, compter les coucher de soleil fondre dans la mer,  régler les voiles pour les nourrir d'air pur, subir les caprices de l'océan, lire, dormir, cuisiner,  parfois souffrir et supplier que le temps passe plus vite,  subir dans cette proximité les humeurs de chacun.... se soutenir,   profiter de cette liberté, de cette solitude, méditer, sourire, et apprécier que le temps s'arrête ici... Arriver, sentir et toucher terre. Heureux de l'avoir fait.


 

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Corne de Brume
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Corne de Brume

La Pitaine, aussi appelée Corne de Brume.

Tour à tour maîtresse d'école, poissonnière, crémière, boulangère, auteur, coiffeuse et second, claironne les nouvelles au fil de l'eau.

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La Pitaine, aussi appelée Corne de Brume!

Sabrina, née en 1973, Architecte, je suis passionnée de la vie et des aventures qu'elle a à nous offrir. Amoureuse de mon capitaine, je l'aurais naturellement suivi jusqu'au bout du monde...

Cette aventure était pour moi à la fois l'occasion de m'évader, de voyager de découvrir d'autres cultures, mais également celle de relever un challenge, prouver et aller au bout de moi-même, ce genre de défi qui vous poussent vers l’inconnu et qui au bout du compte, vous en fait sortir grandi.

Voyager ouvre l'esprit, ouvre le cœur, vous sort de votre zone de confort, permet de dépasser ses peurs; Voyager c'est grandir.

Partir pour partager des instants de complicités en famille, le bonheur de prendre le temps, une chance de tisser des liens encore plus forts avec notre fils et lui donner une autre vision de la vie. Ce qui ne devait être qu'une parenthèse dans notre quotidien loin des stéréotypes nous à ouvert les portes d'un incroyable voyage, un périple qui nous transporte plus loin que nous ne l'aurions imaginé.

Tour à tour maîtresse d'école, poissonnière, crémière, boulangère, auteur, coiffeuse et second, je m'occupe de l'intendance, pour faire régner la bonne humeur au sein de notre embarcation indispensable à notre survie!

"Rester c'est exister, mais voyager c'est vivre" (Gustave Nadaud)

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