Milo a quitté son joli ponton en béton pour rejoindre le mouillage avant que la dépression et le vent ne rendent la manœuvre totalement impossible en nous plaquant sur la jetée. Nous savourons désormais les joies du mouillage, généreusement ouvert à la houle… Entre les deux (mouillage ou quai en béton) mon cœur balance! …
Le mouillage est hallucinant, intenable. Un énorme train de déferlantes envahie la baie, mais il n’y a rien à faire… Attendre, attendre que le vent s’essouffle, avant de reprendre la mer, soit d’ici minuit selon les derniers fichiers météo… Pourvu qu’ils soient fiables! Alors, en attendant on savoure!
36 heures de nav’ avant la prochaine dépression, (c’est bien la première fois que l’on compte en heure!)
Juste le temps pour rejoindre Cap Town, en passant par le mythique Cap Aghulas, le vrai… (le Cap de Bonne Espérance lui ayant usurpé sa réputation.) il est l’emblème de l’Afrique du Sud, le point le plus sud du continent Africain, -LA- ligne de démarcation entre l'océan Indien et l'océan Atlantique.
Dans le milieu de la nuit nous apercevrons le puissant phare du cap Aghulas que nous ne franchirons que dans l'après midi, quittant définitivement l'océan Indien, sournois et si inconfortable, cet état permanent de mal être. Le cap des aiguilles hautement légendaire est symbolique pour tous les navigateurs et c’est peut être pour cela que nous étions heureux… de le savoir derrière nous! Mais
c’est avant tout changer d'océan, un second CLAP pour Milo one dont les étraves flottent de nouveau sur les eaux de l’océan Atlantique que nous avions laissé en Décembre 2007… Soit 5 ans auparavant!!! wow! Une première boucle bouclée… Sur le papier le plus dur de ce tour du monde était fait, et à cet instant nous étions tout à notre joie, soulager d’être là.
15 heures plus loin, Milo rentre fièrement dans la "Table Bay" accompagné d’otaries et de baleines, un peu à la traine pour la saison, elles sont monstrueusement belles et impressionnantes! Lever de soleil sur la majestueuse Table Mountain, magnifiquement parée de son manteau cotonneux dont elle se découvre doucement. Nous avançons sur un lac, réchauffés par les premiers rayons du soleil, fendant les flots, heureux, tout à ce spectacle nuageux qui semble dégouliner en cascade sur les falaises abruptes.
Débriefing:
1000 milles depuis notre premier touché en Afrique, 20°Celsius en moins, les polaires et les couettes en plus, quelques kilos de poissons au frigo, la bande UV du génois déchiquetée, le lazybag en lambeau, les pare soleils en dentelles, les bâches pulvérisées, la GV fatiguée… et nous avec! Autant de milles, de soleil de sel et de vents ont eu raison de tout ce beau textile! Houston, il va falloir réparer…