Au fil de l'eau, comme Alice au pays des merveilles, on se sent rétrécir.
Nous déambulons dans cette fourmilière de canaux étroits avec des paysages si grandioses que l'on se sent minuscule, heureux de faire partie de ce tout, vivant!
On observe le souffle des baleines, leur dos énorme, les hordes de dauphins, d'oiseaux sauvages, des goélands, des cormorans impériaux, des manchots de Magellan, des otaries, une faune en noir et blanc pour tous ces animaux du grand sud sur fond de glaciers d'un bleu lumineux.
Seuls au monde bordés par des kilomètres de nature à l'état brut comme une pellicule quotidienne qui défile sous nos yeux indéfiniment, la cordillère des Andes et l avenue des glaciers... époustouflants ! Des kilomètres d'espace et de temps répétés à l'infini.
Difficile à décrire.
Seul le ciel gris chagrin ou bleu azur change les couleurs de cette étendue, dévoilant dès les premiers éclats du soleil les reflets argent des monts pelés chargés de granite.
Bonnets vissés sur la tête, on savoure cette Patagonie, isolée, sauvage, froide, balayés par les vents... Wow et quel vent!
La terre de feu ne se laisse pas aborder facilement...
Naviguer dans les canaux est un casse tête quotidien. Il faut anticiper la houle, les vents, les courants, les williwaws, les cartes fausses, les obstacles, les lianes de kelp qui musellent nos hélices, dans un labyrinthe parfois étroit, avancer, tenter, renoncer, persévérer... Avaler des miles... Et trouver le mouillage parfait, une petite caleta, notre abris du soir, magique et paisible, riche de vie et de verdure, une forêt luxuriante et mystérieuse à la king kong traversée par d'immenses cascades bouillonnantes... notre Eden... et s'en délecter!