Quelques rencontres avec les habitants, l'une vend des chapeaux de laine, l'autre des beignets maison, ou des centollas!
Aliro, un kawésqar, pêcheur des canaux depuis plus de trente ans nous ouvre généreusement les portes de sa maison bleu sur pilotis, suspendue à la colline. Une cahute de tôles imbriquées, avec vue imprenable sur la mer.
L'intérieur est surprenant, chaleureux et cosi, avec ses 2m sous plafond, un amoncellement de souvenirs trônent sur des étagères, d'autres couvrent les murs, le mobilier nous renvoie à une autre époque, les théières, les lampes, le poêle à bois, la cuisinière aussi, les tasses... tout me fait penser à une brocante Emmaüs réunis dans un concentré d'espace; 3 pièces qui se succèdent, penchant sournoisement dans le sens de la pente.
Mais le plus extraordinaire c'est cet échange. Comme un trésor Aliro déballe un transistor à piles, vestige des années 60, fiers de son joyau, il ôte le capot et dévoile un mini tourne disque. D'une enveloppe kraft il sort un énorme 33 tours qui parait démesuré et le pose dessus. Le disque s'élance, quelques grésillements et une musique d'un autre temps aux accents Chilien envahit la bicoque, ça résonne, et nous sommes ailleurs comme transportés dans un nouvel espace temps. Quelques minutes insolites et troublantes, réunissant nos deux mondes, nous partageons avec respect la vie d'Aliro, pêcheur solitaire de la tribu kawésqar, exilé au fin fond des canaux et dont le seul lien avec la société est son bateau qu'il bichonne et qu'il a confectionné trois durant.
Nous repartons étourdis, grisé, des images plein la tête, et 1kg de centolla troqué contre quelques paquets de cigarette, des savons et du shampoing; A chacun son bonheur.
Un repas que nous partagerons dès ce soir avec nos amis Jean-Louis et Jacky venus ce soir nous rejoindre dans notre Eden. Jean Louis s'occupe du cocktail avec un magnifique Whisky, "On the rock", mille ans d'âge assuré, les glaçons du Pie XI libérant de sacrées bulles préhistorique dans nos verres! La vie est belle, Santé.