Après l’épopée des vents tournants qui nous a amené à côtoyer de près, voir de trop près le petit moteur amarré à nos coté, s’emmêlant dans nos dérives et frottant vivement, son museau aiguisé sur notre coque tribord, après avoir refait notre mouillage sous une pluie diluvienne, après le dérapage de la matinée, après ce déjeuné « en famille » dans un délicieux restaurant gastro-tapas, après ce beau ciel bleu, il est 17h00 environ. Nous allons vivre les 20 minutes les pires de notre expérience nautique…le chaos au baléares.
Tout s’assombri soudain, le ciel devient menaçant, et une nappe noire chargée d’électricité qui s’éteint et s’allume comme des néons, se rapproche à une vitesse inimaginable et nous rattrape en une poignée de secondes. Catherine nous confiera par la suite : « on a vu votre bateau bouger, beaucoup, puis une espèce de nappe jaune qui s’avançait rapidement sur vous, puis on n’a plus rien vu…et lorsque la visibilité est revenue, vous aviez disparu… y avait plus de bateau ! on a cru que vous aviez coulé ! »
Palma a bien failli être notre bout du monde, mettant fin à notre doux périple. Un vent violent déboule par 80 nœuds, une tornade vient de s’abattre sur nous . Un vent assourdissant, accompagné d’une pluie piquante et de grêle nous heurte de plein fouet avec une violence inouïe, réduisant la visibilité à néant. Les éléments sont déchaînés; l’ancre a dérapée, le zodiac est tout juste remonté, les moteurs allumés, la valse a commencée !!
Oscar c’est sagement installé dans le carré, et comme maman vient de m’expliquer : « dehors y a un gros zorage avec de la pluie et des éclairs, alors elle m’a dit de jouer avec mes nouveaux jouets pour dessiner, pendant qu’ils vont se prendre une douche… … il y a beaucoup de bruit dehors ! le vent ça fait WWWOOOUUUH !!!
La violence du moment est indescriptible, allant crescendo pendant 20 minutes.
La chaise en teck stockée à l’avant du bateau est soufflée jusqu’à l’arrière, les pares soleil sont pulvérisés, je manque de me faire happer, yvan à beau hurler à 20cm de moi je ne l’entend pas ! Tout ce bruit !la pluie lui mitraille la peau, accroché à la barre il ne peut ouvrir les yeux. Les images nous parviennent par flash, les zodiacs qui s’envolent, les arbres pliés à l’horizontal. La visibilité est nulle… un voilier de 60 pieds déboule à toute berzingue à coté de nous, il est à l’horizontal le mat dans l’eau, yvan me hurle que pour lui c’est fini et pense secrètement que pour nous ce n’est qu’une histoire de seconde !
Les moteurs hurlent à 4000 tours ! « On va droit sur la digue !!! On va se cracher sur la digue !!!!on y va !!!!!!! »
Tout est blanc fumeux, l’ancre est toujours au fond, et nous luttons maintenant pour ne pas se faire projeter sur l’autre jetée. Yvan tente de se mettre face, garder le cap, la visibilité revient à peine… juste ce qu’il faut pour comprendre que nous sommes dans l’entré du port en marche arrière ! Et des yachts aussi gros que luxueux de toute part ! un éléphant dans un jeu de quille !
Un skipper a terre nous félicitera pour la manœuvre impressionnante, qu’il pensait volontaire… nous avons effectivement fait notre entrée dans le port le plus huppé de la méditerranée, par 80 nœuds de vents, a fond en marche arrière, jetée l’ancre et mit la pâte d’oie bien sur… pendant ce temps loulette mettait les pares battages de 5Kg … à l’horizontal ! Trop fort loulou !!!
La vérité est ailleurs… nous étions en perdition totale. L’ancre que l’on traînait toujours s’est crochée dans les amarres d’un énorme yacht, nous rabattant sur son flan à vive allure. Ces autres amarres se sont alors coincées au niveau du safran nous maintenant à l’écart et nous stoppant net, mettant ainsi un terme à la course folle de Milo One.
Nous finaliserons notre amarrage avec les sauveteurs. La partie est jouée pour nous, nous ne bougerons plus. 20 long