Un périple qui nous transporte plus loin que nous ne l'aurions imaginé
Record battu… Nous sommes plantés au milieu de l’océan à 2 nœuds… Après un épisode de grain passant par des vents Sud, une mer claquante nous obligeant à tracer au Nord… Les arcs en ciel se succèdent ; Le ciel se dégage sur un après midi radieux. La mer rend les armes, elle s’apaise jusqu’à ce coucher de soleil merveilleux accompagné d’un escadron de dauphin merveilleux. Encore un moment magique au milieu de nulle part. Oscar passe sa traversée palmes aux pieds, prêt à plonger ; et quelle joie de pouvoir patauger dans l’eau la journée. Aller…encore 3 ou 4 jours….530 milles. On n’a jamais été aussi prêt ! Courage !! Philippe est encore monté dans le mât… vérifier l’écrou des haubans…La houle généreuse aura raison de son adresse… le voilà secoué au bout de son harnais ! Pov’Philippe il est tout tétanisé. L’exercice est terminé, l’écrou garde son secret…
Les illuminations sur Lyon sont bien loin de nous… Toujours sous des bourrasques de pluie et de vent ; nous accélérons et ralentissons à leur rythme, secoué avant et après, laissant derrière nous une mer perturbée ! Notre vitesse ne cesse de ralentir, on manque de vent…alors qu’au Nord il souffle trop : 64 nœuds… On compte les jours… c’est quand qu’on arrive ?...
Donnez nous ce matin notre grain quotidien !! (Cap’taine). Aujourd’hui nous croiserons la route d’un voilier qui nous passera devant à 200m… Nos appels VHF resterons vains … Personne sur le pont, on croyait un bateau fantôme… prêt à s’emparer du navire nous étions fin prêt à les accoster. Désillusion… le Capitaine s’est finalement décidé à communiquer ; peut-être l’a-t-on réveillé… La journée se déroulera sous une succession de grain. La mer nous secoue…pas très agréable comme alizé. Philippe est de corvée ; il monte au mât réparer le feu qui s’est déchaussé avec le génois, et se tape le trie des poubelles afin d’alléger le bateau !! Une bien longue journée…
Le Spi c’est reparti !! Journée ensoleillée sur notre atoll. Cap’taine a rendu les armes, on ne le croise plus un scie à la main ! Une belle daurade vient nous narguer, un salto arrière et hop, elle repart, emmenant avec elle notre dernier leurre !!...et délaissant nos pov’pêcheurs. Du coup Yvan s’en est allé «au bureau » ; le soleil tape de plus en plus et Cap’taine a lancé un concours de bronzage à l’abri des regards dans le lazy bag. La nuit nous ne supportons plus les draps et la mer est à 28°C. Mais pour la baignade ça attendra ! L’immensité de la mer, cette infinie, 5 000 m de fond, tout cet inconnu sous nos pieds !! Et tous ces requins…pas très loin !! Nos amis les Suisses « Micromégas » sont toujours derrière nous et nous prenons quotidiennement de leurs nouvelles. Ils cumulent un total de 18 jours de mer n’ayant pas fait d’escale au Cap vert. Leur traversée est ma foi plus sportive que la nôtre et Chantal qui n’était pas sûr d’être prête, malgré de longues navigations…sur le Lac de Genève…écrit de long mail pour oublier ; d’ailleurs à défaut de compter les moutons elle compte ses bleus pour s’endormir…mais c’est en vain…trop ballotée pour trouver le sommeil !! Nous avons hâte de nous retrouver après notre escale à la Barbade, où ils ne s’arrêteront pas pour ne pas « casser le rythme » !! Trop fort Freddy ! Il est parti pour un tour du monde sans escale sans prévenir sa femme !! Ah ces Suisses !! C’est bien la première fois qu’on voit un Suisse pressé !!! Nous avons croisé un voilier à 10 milles de nous dénommé Balmon, pas si désert que ça finalement l’océan !!
Petit déjeuner comme tous les jours en terrasse sur l’Atlantique. Moment privilégié. Lever du soleil sur cette immensité. Oscar se rafraîchit les idées dans sa piscine ; croisière version grand luxe ! Yvan trop absorbé par ses cales, lampe frontale et seau à la main s’est retapé la baie vitrée… Aujourd’hui Milo sera seulement équipé de son génois nous naviguons entre 4 et 6 nœuds… Affaire à suivre.
6e jour. Mais quelle magnifique journée ! Idée sportive de Cap’taine dès 8h00 du mat : enfiler le Spi !! Philippe dort de son quart, p’tit mousse bat la mesure depuis 6h00, reste la Pitaine…seule pour éventuellement l’aider. 1er essai… On monte la chaussette… L’accouchement semble difficile, il s’annonce par le siège, on redescend tout, on trifouille, rafistole, on a une chance sur 2… Aller 2e essai : on démonte tout….OUPS !...Gonflera, gonflera pas…il décide finalement de s’enrouler dans le génois… Ca claque !...On tire dans tous les sens…au beau milieu de nulle part, nous voilà beau. 3e essai : Philippe est tombé de sa couchette, les yeux mi-clos le voilà accroché en équilibre à 2m sur le génois. Bras d’hommes même mal réveillé valent mieux que 2 mains de cuisinière… On recommence dépil débute ; mais ce sera le 4e essai qui sera victorieux. Notre voile se gonfle comme un ventre bien bedonnant propulsant Milo de 4 à 7 nœuds !! La journée est idéale, nous virevoltons agréablement sans être chahuté de droite à gauche, le soleil et la musique nous berce ; ça c’est de la plaisance ! Et quel plaisir ! 18h00 : thon rouge, rien ne bouge ! Le frigo est plein de poisson frais, divers et varié, chapeau les matelots.
Journée 4x4. On dit bateau de plaisance…pourtant la mer reste formée, croisée alors que le vent nous a oublié...Milo s’achemine pesamment, 4 nœuds, 1300 milles devant nous avant de voir la terre. Nous entamons notre 5e jour. « L’atelier pêche » reprend du galon ; une jeune et jolie daurade vient nous rendre visite ; les garçons retrouvent le sourire ! Notre invité mesure 80 cm. « L’atelier bricolage » aussi : le pilote automatique commence à chauffer au milieu de cette étendue d’eau, il ne s’est plus où donner de la …barre… Et pour ne pas faillir à la loi de l’emmerdement maximum : voies d’eau ! Milo transpire de l’intérieur !! Les cales moteur gouttes, le plancher au bas du lit, coque proprio suinte, et les boîtes de conserve, pâtes, riz et autres provisions barbotent joyeusement dans un fond d’eau de mer ! Tous les légumes au clair de lune étaient en train de s’amuser hé, et la Pitaine les épongeait !!! Les hostilités sont lancées, Yvan perceuse, scie et pinoche à la main est paré ; la frontale enfoncée, le bateau tout retourné…
Le slalom continu, nous tirons des bords entre le 14° et le 15° le vent est faiblard et irrégulier, Milo a ralenti sa cadence à 5/6 nœuds. L’honneur est sauf, nos 2 compères ont remonté une pitite daurade ! Une mise en bouche…
Nous avançons nos pendules d’une heure. Il est 14h00, long. 30° et 16h00 UTH 400 milles nous séparent de la terre la plus proche, maintenant loin derrière nous. Tous les poissons de l’Atlantique seront bientôt tous ferrés !! Nourrit aux rapalats… Nos 2 pêcheurs ont déclaré la guerre aux poissons, ou est-ce le contraire ? Les lignes cassent les unes après les autres emportant avec elles un souvenir de Milo One. Nous dévions notre cap vers le Sud pour descendre en dessous du 15e lat. La mer y est plus propice paraît-il… Pour l’heure la mer se creuse, 3m environ, la route n’est pas très agréable… Milo bouge beaucoup bringuebalant nos petits corps comme des polichinelles. Nous sommes bien loin du doux alizéen soufflant sa légère brise dans le spi et de la sieste sur les filets à l’avant !
La vie s’installe à bord ; chacun prend son rythme, les marins bordent les voiles et sortent les cannes à pêche. Madame la Pitaine cuisine…du poulet basquaise à défaut du fameux poisson du vendredi !! Quelques nouvelles du continent nous apprennent qu’un séisme a secoué la Martinique … pas de pot !! Si elle est rayée de la carte on va finir à Panama !! Milo fend les flots à vive allure. 8 nœuds de moyenne mais l’état de la mer (creux de 2 à 3 mètres) et le vent irrégulier nous obligent à tirer des bords. Jusqu’ici tout va bien…
10h00 : Cap’taine donne le top : Larguez les amarres !!! Sur les traces de Christophe Colomb nous allons ! Découvrir la Barbade nous irons ! Le vent se cherche entre les îles, la mer est courte, ça commence mal !! On s’échappe au moteur pour prendre le large loin des terres ;
Mindelo : grande ville du Cap Vert, deuxième ville de l’archipel dont la baie est classée parmi les plus belles du monde. Lonis vient nous accueillir …à la nage, une main en l’air dans laquelle il tient un sac plastique. Une fois sur la jupe arrière il déballera de son sac pseudo étanche les notes de recommandation des autres plaisanciers! Il sera notre guide. Mindelo bien qu’étant la plus grande des iles, reste comme ses consœurs très pauvre . Les gens crient la misère, mais ici, les cahutes sont remplacées par des blocs bétonnés… pas très jojo. Le manque d’eau et donc de végétation, uniformise tristement le paysage dans les tons sable jaunâtre monotone. De grandes bâtisses et d’étroites rues pavées dessinent le centre ville dans un écrin de montagne, de dunes et de terre. La poussière est une misère ! Le bateau est crépi de sable bringuebalé par le vent, nommé l’harmattan, baume de poussière apporté d’Afrique. Cap’taine est dépité. Milo One est ensablé !! Merci Cabo Verdé !! Si nous ne sommes pas enthousiasmés par Mindelo, l’ambiance Africaine est plutôt sympathique et les spécialités culinaires nous laisseront de bons souvenirs ; Pica Pau nous accueille, 5 petites tables, une cantine de luxe. Déjeuner aux langoustes frites et risotto. Un moment privilégier. Pica Pau, CHAPEAU !!