L’île Saint-Joseph n’est pas plus grande qu'un mouchoir de poche. Les locaux disciplinaires et le silence l’écrasaient. Ici, morts-vivants, dans des cellules pas plus grandes que des cercueils, des hommes expiaient, solitairement. La peine de cachot était infligée aux fortes têtes pour des fautes commises au bagne. Et bien souvent les peines s’ajoutaient aux peines... La peine de réclusion cellulaire était infaisable, barbare, inhumaine, pour des délits parfois mineurs. Elle n'était plus une juste punition, mais une descente aux enfers.
Désormais, comme sur l'ile voisine les lianes repoussent les murs et les grilles. Le soleil réchauffe les couleurs des cellules tapissées de lichen et de mousse, les lieux reposent en paix.
Le chemin de ronde fait le tour de l'ile, nous sommes libres et c'est cette liberté qui nous fait apprécier la beauté de ces îles pour ces quelques journées.
Chanceux, Zorba et Milo nous attendent, nos vaisseaux de la liberté, amarrés sur deux grosses tomes.
La passe est une grosse marmite tourbillonnante, le mouillage pas très agréable. Captaine désespère devant tant de coquillages collés sur les coques et les eaux pas très claires. Les prochains 600 milles seront longs, chaque crustacé nous ralentissant d'autant. Vivement les eaux bleues de Tobago!
Mais on ne va pas se plaindre! C'est pas le bagne...